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Écologie de l'attention

Le snack content : une fausse bonne question ? – #Episode5

Après avoir étudié ses origines, ses limites et son mode d’emploi, on peut désormais affirmer que le snack content n’est guère du junk content. Il nous apparaît cependant que son téléversement en masse sur les réseaux sociaux par tous les acteurs du web de manière effrénée[1] ressemble bien, quant-à-lui, à la ramasse des poubelles… Et si la question était mal posée ? Et si le problème n’était pas de savoir si le snack content était un format efficace ou non ? Et si nous déplacions le point de vue de manière à interroger plutôt son contexte de réception, autrement dit, le flux ? Ce cinquième et dernier épisode de notre série dédiée au snack content est un « article-manifeste » proposant une critique du flux, l’une de ces réalités qui semblent aujourd’hui impossibles à remettre en question sur l’ensemble des plateformes sociales. #SortezLaTêteDuFlux ! En savoir plus…

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Gasters à l’hybris démesurée ou encore Chronos dévorant sa progéniture[2], ces images fortes permettent d’illustrer de manière assez précise le fonctionnement du flux proposé aujourd’hui par l’ensemble des réseaux sociaux. Mais qu’est-ce que le flux ? Comment influe-t-il sur nos réceptions des contenus et de l’information ? Quelles pistes de réflexion pour préserver la relation de confiance et de (bon) sens entre le consommateur et le producteur de contenu ?

« Ce que les réseaux font aux cerveaux »[3]

« Nous sommes confrontés à un fait historique majeur : c’est la disponibilité de l’information. Au début des années 2000, au moment de l’apparition et de la démocratisation d’Internet, plus d’informations se sont publiées que depuis l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. Pour accélérer les choses, 90 % des informations disponibles ont été produites ces deux dernières années ». Gérald Bronner, sociologue, membre de l’Académie des technologies, enseignant à l’université Paris-Diderot est un spécialiste des croyances collectives et de la cognition humaine qui prône une sociologie interdisciplinaire, ouverte aux sciences cognitives, à l’anthropologie et aux neurosciences. Dans son dernier ouvrage, Apocalypse cognitive  (PUF, 2020), il pose une question fondamentale que nous allons reprendre à notre compte : « comment sauver notre temps de cerveau disponible sur le marché très concurrentiel de l’attention ? »

[Pour en savoir plus, écouter « Ce que les réseaux font aux cerveaux » sur France Culture]

En effet, comme nous l’avions déjà vu dans le troisième article de la série à travers le concept de content shock de Mark Schaefer, la production de contenus disponibles sur Internet augmenterait beaucoup plus vite que le temps et l’attention disponibles des individus à qui sont destinés les contenus (voir le schéma ci-dessous).

Gérald Bronner nuance ce concept : si l’augmentation de la quantité de contenus disponibles est absolument tangible, à cela s’ajoute également une augmentation sans précédent du temps de cerveau disponible, et ce serait le croisement de ces deux variables qui pourrait devenir nuisible, en cas d’implosion. On assisterait ainsi aujourd’hui à un « tournant civilisationnel » pour lequel le temps de cerveau disponible, gagné avec le progrès qui réduit nos tâches et nos contraintes, devient un enjeu de taille. En effet, avant les innovations perpétuelles de ces dernières décennies, qui modifient notre rapport au temps et au travail, la grande majorité des pulsions[4] de nos ancêtres répondaient à un besoin de survie. Aujourd’hui, à l’ère des réseaux et de l’hyperconnexion, nos pulsions seraient manipulées dans le contexte du marché de l’information et des contenus, et ce pour le meilleur ou pour le pire…

Il y a dans ce temps de cerveau disponible toute l’Histoire de l’humanité, le pire comme le meilleur.

Gérald Bronner

Fake news, deepfake, post-vérité, infobésité, morcellement, perte de sens ? Quelques mots pour décrire une partie de ce que constitue la société numérique actuelle. 

Exercice de pensée : la société numérique pourrait aisément être définie, en déplaçant le concept bourdieusien de l’habitus, comme une « structure structurée prompte à fonctionner comme structure structurante »[5] et en perpétuelle expansion. Pourquoi tenter de réfléchir à la question d’un « habitus numérique » ou d’un homo numericus ? Nous pensons que les évolutions de ces vingt dernières années – la miniaturisation des devices, l’hyperconnexion, le flux… sont des phénomènes susceptibles d’impacter l’individu neurologiquement[6], psychologiquement et socialement. Conçus comme le prolongement de l’individu, l’ensemble des outils digitaux (devices et couches applicatives) ont donné à l’être humain l’opportunité de se créer une nouvelle identité numérique, parfois en opposition à son identité réelle. Cet habitus numérique peut constituer une échappatoire pour l’individu dans une société en manque de repères. Il fait émerger une nouvelle culture psychologique[7] qui interroge le social, le politique et l’économique… Cependant, au regard de l’actualité de cette dernière année, le réel nous rattrape ou devrait nous rattraper. Dès lors, il  est de plus en plus essentiel de faire preuve d’esprit critique et de chercher à se regarder en face, de se libérer des mythes et, si nécessaire, de penser contre soi-même ! Pour Gérald Bronner, ce n’est que « par ce travail de lucidité et de rationalisme, que nous répondrons au défi civilisationnel qui se pose aujourd’hui. »

L’impact du flux sur la réception et sur la consommation de contenus

Ce ne sont pas les écrans qui sont coupables en soi, ce sont simplement des fenêtres sur ce qu’il se produit sur le marché cognitif : un alignement inédit entre toutes les offres possibles et toutes les demandes imaginables.

Gérald Bronner

Nous avons essayé tout au long des quatre épisodes précédents de remettre en question un format extrêmement répandu sur le web social, le snack content. En étudiant notamment les origines de ces micro-contenus qui foisonnent sur le web, nous avons pu déterminer que le snack content n’était en réalité qu’une adaptation de la part des producteurs de contenus aux contraintes intrinsèques des réseaux, autrement dit, l’intégration et la conformation de leurs productions à la logique du flux.

Très vite, nous avons eu l’intuition de twister la problématique de cette série d’articles. Le snack content, aussi limitatif qu’il soit, peut en effet s’avérer une stratégie marketing redoutable. Le vrai sujet est en réalité constitué par les audiences, la réception et la consommation des (micro-)contenus à l’ère de ce que nous avons appelé la société numérique. Vous l’aurez compris, nous allons parler flux et conséquences de cette exposition à l’information morcelée et morcelante. 

Il va de soi que le contexte de réception d’un contenu, d’une information ou d’un récit influence sa réception. En effet, regarder un film au cinéma est souvent plus apprécié que chez soi. Regarder une vidéo pendant qu’on poursuit le scroll du flux ne revient pas au même que de la regarder en plein écran… Dans ces quelques exemples de consommation de contenus vidéo, tout se passe comme si la taille d’affichage de la vidéo était directement proportionnelle à l’attention que nous souhaitons lui donner. Ainsi, pour visionner un film d’auteur, nous nous enfermons dans une salle obscure où la connexion de nos devices est brouillée et on signe le pacte des 120 minutes environ de déconnexion du quotidien et du numérique, en même temps que le pacte fictionnel proposé par l’œuvre cinématographique. On renonce ainsi à nos extensions pour pouvoir se “connecter” et vivre pleinement le moment présent, en l’occurrence celui du film… En ce qui concerne la vidéo en plein écran, on pourrait concevoir ce contexte de réception comme une évasion du flux. L’internaute a réussi à identifier un contenu auquel il souhaite accorder son attention et il choisit de l’extraire du flux en appuyant sur le mode plein écran. Enfin, dans le cas de la vidéo en miniature qui continue à avancer sur l’un des coins de l’écran de manière concomitante à la poursuite du scroll, on peut faire l’hypothèse qu’il s’agit d’un mode de consommation passif ;  la majorité de l’attention du consommateur est en effet dédiée avant tout à la poursuite de sa quête du “bon” contenu.

Mais que dit cette fonctionnalité relativement récente des plateformes comme Facebook sur l’évolution des usages ? Ce que nous retenons c’est que cette évolution fonctionnelle ne fait qu’entretenir le trop plein. Sans que l’internaute soit satisfait ou qu’il identifie un contenu qui soit digne d’être consommé ou en mesure d’accaparer sa pleine attention, il adhère à l’impératif de consommation de contenus sur le web. Atteint de malinfo, il consomme sans prêter réellement attention, restant toujours en alerte et en recherche du contenu qui lui permettra de s’extraire du flux qu’il dévore et qui le dévore. En effet, nous faisions tout à l’heure une analogie entre le fonctionnement du flux et Chronos dévorant sa progéniture. Si le snack content est bien l’enfant des médias sociaux, il nous apparaît que ces derniers le dévorent et l’utilisent comme un carburant de première qualité. Cette métaphore semble s’appliquer aussi à cet homo numericus façonné par le flux… Tout comme Chronos, divinité primordiale du temps dans la mythologie grecque, le flux vient absorber l’internaute dans une bulle virtuelle, le piège et façonne sa perception de la réalité et du temps…

Pour revenir à la question de l’attention, comme nous l’avons exposé dans l’épisode introductif de cette série d’articles, nous réfutons la théorie, souvent reprise ces dernières années sur la toile, selon laquelle la capacité d’attention des Millenials[8] serait désormais moindre que celle d’un poisson rouge – soit d’environ 9 secondes. Mais rassurez-vous ! Loin d’être des petits OVNIs pourvus de branchies et de nageoires leur permettant de naviguer aisément dans les flots du web, les Millenials, ces jeunes de 24 à 39 ans lisent des livres, parfois longs et parfois vite, regardent des films, des documentaires, vont au théâtre, fréquentent les foires culturelles, les expositions… Plus encore, les Millenials sont eux-aussi submergés par le flux, tout autant que n’importe quelle autre génération connectée ! L’image du poisson rouge demeure néanmoins stimulante, non pas pour décrire le temps de cerveau disponible ou la capacité d’attention de toute une génération, mais plutôt pour décrire un usage imposé par le fonctionnement inhérent des fils d’actualité des réseaux sociaux. Les 30 minutes théoriques prévues pour la consultation d’un article de fond sont ainsi dispersées et souvent perdues dans le flux, lequel offre une si grande diversité de propositions que l’internaute atteint d’infobésité et de la pulsion consommatrice est incapable de choisir.

Ainsi, le flux donne naissance à une perception morcelée de la réalité, contribue à l’infobésité et donne naissance à un drôle de paradoxe : dans la société numérique actuelle que certains qualifient de “post-internet”, tout se passe comme si l’abondance d’informations, au lieu de nous permettre de mieux saisir le monde et ses enjeux, ne faisait que brouiller le sens et créer des spectres…[9]

Que faire alors ? #SortezLaTêteDuFlux !  

Réflexions et questionnements sur l’« intermédiation », un trait saillant de l’économie numérique

Dans les articles précédents, on formulait l’hypothèse selon laquelle la communication corporate avait fortement investi les réseaux sociaux et adopté des outils comme le snack content en raison du fait que c’était désormais là que les audiences se trouvaient… Et si on posait la question inversement ? Et si les internautes étaient allés sur ces plateformes justement grâce aux contenus ? Si cette nouvelle hypothèse s’avérait au moins en partie correcte, ne serait-il pas juste alors de penser que ce n’est pas aux contenus de s’adapter aux exigences de ces plateformes, mais plutôt inversement à ces « nouveaux » médias de s’adapter aux contenus ?

Loin de moi quelconque prétention de faire du Christopher Nolan ! C’est juste qu’en lisant beaucoup de littérature sur le sujet je me rends compte à quel point on a souvent tendance à regarder les conséquences des phénomènes sociaux numériques plutôt que de chercher à analyser leurs fondations. La question même du snack content à laquelle nous avons dédié cette série d’articles n’est qu’une fausse bonne question. Nous l’avons vu, pour comprendre l’apparition et la popularité de ce format, il est nécessaire de questionner les usages ainsi que les positionnements des grands acteurs du numérique qui façonnent aujourd’hui la société numérique dans son ensemble.

Parmi ces usages et ces positionnements, il est intéressant de se pencher sur la question de l’intermédiation, un trait saillant de l’économie numérique.

A partir des années 70, le phénomène de la désintermédiation décrit en science politique la société néo-libérale où l’individu, de moins en moins syndiqué, de moins en moins encarté, de moins en moins en proie au fait religieux, ne compte plus sur les grandes structures façonneuses de récits et de réalités qui édictaient historiquement la marche à suivre. L’apparition et la démocratisation d’internet n’ont dans un premier temps fait que généraliser ce trait de figure de nos sociétés, notamment sur le plan économique. Internet  a par exemple largement favorisé la désintermédiation dans le domaine du voyage et du tourisme ou bien dans celui de la distribution de certains logiciels ou jeux. Ainsi, la vente en ligne de billets d’avion par les compagnies aériennes provoque un phénomène de désintermédiation au détriment des agences de voyages traditionnelles.

Mais qu’en est-il de la société numérique actuelle ? Une marche de l’histoire lisse voudrait qu’internet nous ait d’ores et déjà permis l’aboutissement de ce phénomène, notamment  avec le triomphe de la démocratie directe rendue possible grâce aux évolutions technologiques. Certains ont également vu dans l’invention de la cryptomonnaie comme les bitcoins une probable suppression imminente de toute autorité centrale et de contrôle des marchés financiers… Or, paradoxalement, en regardant de plus près, on s’aperçoit que la société numérique post-internet est plutôt caractérisée par un fort phénomène de ré-intermédiation.

En effet, au début des années 2010, dans un monde où les logiques marchandes – et notamment les techniques de publicité et de marketing – atteignent leur paroxysme, seules quelques grandes entreprises mondiales du tech semblent pouvoir se passer de la publicité. Le meilleur exemple ? Classé depuis plusieurs années dans le top 5 des marques les plus chères au monde[10], Google, ce moteur de recherche qu’on utilise tous les jours, n’a jamais eu besoin de passer par la publicité… Le fonctionnement inhérent de Google veut qu’il propose une fenêtre sur le monde :  à une requête donnée, les fameux 10 ou 20 liens bleus qu’il affiche en SERP 1 permettent à l’homo numericus d’appréhender un fait, un phénomène ou un concept. Véritable façonneur de réalités, Google nous apparaît comme un intermédiaire par excellence. Mais ce n’est qu’un exemple. Si on regarde les NATU, on se rend compte que l’intermédiation est un trait de figure constant de l’économie numérique de ces vingt dernières années. Netflix, devenu désormais également producteur de contenus, a fait sa richesse en proposant une plateforme payante permettant la rencontre de l’offre et de la demande : ses abonnés consomment les films et les séries mis à disposition directement depuis leur canapé. Spotify, Deezer ? Rien que des intermédiaires permettant de réguler l’industrie musicale fortement impactée par le piratage et la violation des droits d’auteurs dans les premières années d’internet. Uber, Airbnb ? Toujours des plateformes permettant simplement le croisement de l’offre et de la demande…

Tous ces acteurs sont extrêmement influents sur les marchés financiers, avec des cotations impressionnantes. La société numérique devient ainsi une société de la ré-intermédiation, dans laquelle quelques acteurs qui façonnent nos usages, nos besoins et nos comportements captent la plupart de la richesse alors qu’ils ne produisent rien au sens de l’économie réelle.

Quel rapport avec le flux et les réseaux sociaux dont nous parlons depuis le début ? Eh bien, si nous exploitons l’hypothèse selon laquelle les réseaux sociaux ont très rapidement oublié leurs fonctions socio-techniques initiales pour se dédier fortement à la fonction sociale de partage de l’information, on se rend compte que ceux-ci ne sont qu’un intermédiaire de plus. Leur algorithmes savamment réfléchis font se rencontrer une offre – venant souvent des grands médias, mais également des leaders d’influence qui opèrent quant à eux une première sélection – et une demande concrétisée dans le besoin d’information de l’homo numericus… Dans tout cela, le flux n’est rien d’autre qu’un marché. Le snack content ? Des petits fruits exotiques qui sautent aux yeux… Le vrai problème ? Tous les stands sont la propriété de quelques géants qui décident du nombre et de la taille des produits qu’on peut y vendre, et surtout qui choisissent qui a le droit ou non d’étaler sa marchandise à la vue de tout le monde.

Et voilà, cette série d’articles dédiés au snack content est maintenant terminée ! Mais comme vous l’aurez peut-être constaté, j’ai profité de ce papier conclusif pour poser de nouvelles interrogations,  lancer de nouvelles pistes de réflexion que je souhaite approfondir dans mes prochains articles… Stay tuned!

[1] C’est ce que nous avons appelé l’usage outrancier du snack content.

[2] D’autant plus que nous avons déterminé que le snack content était un enfant des médias sociaux !

[3] Titre de l’émission À PRÉSENT par Frédéric Worms qui reçoit le sociologue Gérard Bronner et le neurologue Lionel Naccache pour comprendre les mécanismes et interactions opérés entre cerveaux et réseaux, 22/01/2021, France Culture.

[4] Concept phare de la psychanalyse ; méthode d’investigation psychologique visant à élucider la signification inconsciente des conduites et dont le fondement se trouve dans la théorie de la vie psychique formulée par Freud. Dans la recherche du meilleur rendement, le marketing et la communication ont souvent été critiquées pour leur capacité à faire appel aux pulsions afin de “mieux vendre”. Pour en savoir plus, consultez l’article de Bernard Stiegler, « Prologue. Une pensée critique du marketing ».

[5] Dans la définition d’un de ses concepts phare – l’habitus, Pierre Bourdieu faisait appel à cette formulation : « l’habitus est un ensemble de dispositions durables et transposables, structure structurée prompte à fonctionner comme structure structurante ». Nous nous y référons de manière assez provocatrice pour essayer modestement de réfléchir le poids et les effets du numérique sur l’individu. Homo numericus… qu’est-ce que l’habitus numérique ?

[6] Voir les écrits de Lionel Naccache, neurologue à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris et chercheur en neurosciences cognitives au sein de l’unité Inserm Neuro-imagerie cognitive.

[7] Siècle Digital, La société numérique : réalités et perspectives.

[8]https://www.lepoint.fr/invites-du-point/philippe-labro/philippe-labro-sommes-nous-des-poissons-rouges-12-04-2019-2307254_1444.php

[9] fake news, deepfake, la comploto-sphère, polarisation… extrémisme..

[10] Interbrand

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Le snack content : une stratégie gagnante mais à quelles conditions ? — #Episode4

Dans ce nouvel épisode nous tâcherons de définir le « mode d’emploi » du snack content sur les médias sociaux pour en faire une stratégie marketing gagnante.
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Pour les lecteurs qui auraient pu entrevoir jusque-là dans l’ensemble de mes écrits dédiés au snack content un aveu de faiblesse, un mea culpa de communicante ou une sorte de critique implacable et irrévocable de cette stratégie éditoriale tant louée par mes pairs, je risque de vous décevoir ! Si les trois dernières années de consulting au sein d’une agence de communication spécialisée dans le contenu étaient à refaire, je recommencerais à l’identique ! Je conseillerais à nouveau le snack content à mes clients, en tenant compte comme toujours des conditions essentielles pour faire de cette stratégie marketing, une stratégie gagnante dans le cadre de la communication corporate.

Snack content oui, mais à quelles conditions ?

Condition #1 : le snack content est du contenu natif produit spécifiquement pour les médias sociaux

En effet, nous avons déterminé dans le deuxième épisode de cette série le fait que les réseaux sociaux presque sans exception (Linkedin, Twitter, Instagram, Facebook, Snap, Tik Tok etc..) étaient des espaces régis par des règles bien spécifiques qui constituent, selon le point de vue, des opportunités ou de fortes contraintes pour nos stratégies narratives. Si dans un monde idéal, les géants du numérique feraient en sorte que leurs plateformes soient modulables selon les usages et parfaitement adaptées à la richesse créative liée à la forme et au fond de nos contenus, lorsqu’on communique on jongle avec les règles du jeu telles qu’elles sont et non pas telles qu’elles devraient être. Dès lors, intégrer les tendances, les normes régissant les algorithmes, les contraintes liées aux formats spécifiques à chaque réseau social devient indispensable !

Si le snack content faisait souvent partie de mes recommandations éditoriales, je ne le préconisais jamais sans l’associer à la notion de « contenu natif ». Pourquoi ? Mes clients savent que je considère que la pédagogie est l’un des instruments les plus précieux du communicant ; ainsi, il n’est pas question pour moi de préconiser un dispositif plutôt qu’un autre pour répondre à une problématique précise sans veiller à bien expliciter les raisons de cette recommandation. En effet, dans mon acception, le snack content est par définition du contenu natif, c’est-à-dire du contenu original produit pour être hébergé directement sur la plateforme à laquelle il est destiné.

Comme nous l’avons vu dans « Le snack content : les origines — #Episode2 », le snack naît de la volonté des départements de communication des entreprises de répondre aux exigences des différentes plateformes afin de mieux adresser les audiences qui logent au sein de chaque réseau social. Parmi ces exigences, la nativité des contenus est en première lice.

Ainsi, il est bien connu que l’algorithme de Facebook privilégie les vidéos hébergées sur sa plateforme au détriment de celles qui seraient hébergées sur Youtube et partagées par un simple lien[1]. Il est également bien connu que sur Twitter une vidéo native est plus consultée que des vidéos partagées via lien depuis d’autres plateformes ou encore depuis les sites institutionnels. Pourquoi ? Les vidéos natives bénéficient sur Twitter d’un affichage en grand format dans le fil d’actualité, d’un déclenchement automatique[2] dès que le tweet est survolé, ainsi que d’une possibilité d’optimisation complète au sein du Twitter Media Studio[3]. De cette manière, les contenus natifs prennent plus de place effective sur l’écran, attirent davantage l’attention et ont tout simplement plus de chances de devenir viraux ! Le hic ? Twitter impose des limites en termes de poids et de longueur afin d’accepter d’héberger vos contenus vidéos. La taille de fichier maximale du format riche que vous pouvez tweeter de manière native est de 512 Mo et la durée de votre vidéo est de maximum 2 minutes et 20 secondes. Ces fameuses 2 minutes maximum dont on parle tant depuis quelques années quand on parle vidéo… Vous vous en souvenez ?

Bref, vous l’aurez compris : oui pour le court oui pour le snack content, mais à condition de savoir pourquoi, quand et où l’employer ! Il me semblerait par exemple contre-productif de se mettre en quatre pour raccourcir au maximum un contenu vidéo de qualité seulement pour ne pas dépasser les fameuses deux minutes tant plébiscitées, si votre vidéo n’a aucune vocation à être partagée de manière native sur Twitter. Même si votre stratégie social media prévoit bien le partage natif au sein de chacun des réseaux sociaux, à mon sens, il est toujours contre-productif d’écourter de manière drastique vos propos et contenus lorsqu’ils ont par nature besoin de plus de temps pour garantir leur qualité ! Comment faire alors ?

Condition #2 : le snack content a pour vocation principale le teasing[4]

On l’a déjà dit, l’efficacité du snack content dans le monde de la publicité où un message très court et percutant peut avoir une puissance de frappe commerciale redoutable n’est pas à remettre en question. Par ailleurs, le snack content comme stratégie marketing exclusive semble fonctionner à merveille pour certains influenceurs ou humoristes qui y ont un recours exclusif sur des réseaux sociaux comme Instagram ou Twitter. Je fais référence à l’ensemble de memes géniaux qui foisonnent sur le web et qui franchement, par moments peuvent même faire une journée ! Quelques exemples de comptes que je suis personnellement : Stagiaire des AffichesGrowing Up RomanianYugnat999

En effet, dans ces deux cas de figure, le snack content a vocation à vivre par et pour lui-même. Toute entreprise ou marque pourrait ainsi envisager une présence spécifique sur des réseaux sociaux bien choisis avec une ligne éditoriale bien définie basée sur le snack content exclusivement. Pour plus de fraîcheur et crédibilité, cette parole pourrait être incarnée par des influenceurs et ambassadeurs de la marque ou tout simplement par des collaborateurs de l’entreprise. Mais, à défaut d’une stratégie spécifique développée dans ce sens, l’époque du « community manager clown » — bien que très sympathique je m’en souviens — m’apparaît désormais comme révolue. Si on parle communication corporate et comptes institutionnels d’entreprises (surtout à raison d’être[5] !) sur les réseaux sociaux, il convient alors de concevoir votre production de snack content quasi exclusivement comme une manière de faire du teasing, de promouvoir vos événements, vos contenus de marque, vos collaborateurs, vos réussites, vos défis…

Cas pratique :

Admettons que vous souhaitiez intégrer nativement sur Twitter une vidéo de cinq minutes (et non 2 minutes 20) et dont chacune des 300 secondes est extrêmement précieuse et contribue à l’intelligibilité globale du propos. Quelle recommandation dans ce cas de figure ? Surtout ne jamais raccourcir vos contenus pour de mauvaises raisons ! Qu’il s’agisse de vos vidéos (interviews, reportages, animations, motion-designs etc.) de vos infographies ou de vos articles, ne jamais raccourcir dans le seul but de faire plus court donc parce que des lois — trop écrites — sur le web l’auraient édicté ; d’autres solutions existent.

Si l’objectif principal est de faire en sorte d’attirer sur un site institutionnel les usagers de x réseau social ; le KPI visé étant ainsi le taux de clic sur un CTA donné :
Si l’objectif est de faire partie au maximum des conversations inhérentes à ce réseau, de maximiser la consultation du snack content et son partage :

Ces quelques solutions permettent d’attiser la curiosité de votre audience, de créer un effet d’attente positive et d’augmenter de manière qualitative et justifiée votre nombre de publications sur le réseau social en question, de manière à augmenter également vos chances que vos publications soient vues. Vous l’aurez compris, s’agissant de la communication corporate, la fonction teasing du snack content se doit de l’emporter presque toujours.

Condition #3 : le snack content n’est qu’une stratégie au sein d’un mix éditorial complexe

Suite à la publication de l’introduction de cette série de tribunes, une de mes camarades me disait que pour elle le snack content n’était pas l’inverse d’un repas gastronomique. Son argument ? Dans la cuisine gastronomique, il y a finalement très peu dans l’assiette, mais les saveurs se trouvent exacerbées. Et je suis la première à plussoyer l’image ! Les vrais combats éditoriaux autour du snack content sont en effet la densification et l’adaptation des contenus à la variété des motivations des audiences.

Cependant, contrairement au fast-food, on ne se contente jamais d’une entrée ou d’un plat unique dans un restaurant gastronomique, quelles que soient les vertus de ce plat de chef. En effet, le propre du gastronomique se trouve dans le parfait alliage et enchaînement des différents plats. Dès lors, il n’est guère question de snack dans le gastro, mais d’un voyage savamment réfléchi qui invite le voyageur à une traversée d’un point A à un point B, qui lui apportera pleine satisfaction.

Il revient alors aux professionnels de la communication que nous sommes de bien choisir les formats pour chaque type de communication et de se souvenir que le snack content n’est qu’une stratégie éditoriale parmi d’autres et que les médias sociaux restent des canaux de diffusion parmi d’autres. Il nous revient d’accepter et de bien intégrer le fait que tous les sujets ne se prêteront néanmoins jamais à un traitement type snack content. À nous de devenir les garde-fous des effets de mode. La tentation du facile peut être grande, les « exhausteurs de goût » nombreux…[6]

Il revient aux professionnels de la communication que nous sommes de se souvenir que le snack content n’est qu’une stratégie éditoriale parmi d’autres. À nous de devenir les garde-fous des effets de mode…

Une citoyenne éclairée.

Pour rendre les messages plus efficaces, plus écologiques, plus pédagogiques, il est essentiel de produire des contenus utiles, ingénieux, créatifs, inspirants… bref, des contenus à réelle valeur ajoutée, que ces derniers soient synthétiques ou non. En effet, le snack content est du contenu spécifique pour les réseaux sociaux, qui ne vit pas réellement par et pour lui-même. C’est du contenu qui n’aurait assez souvent aucune raison d’être sans vos contenus de fond, vos positions et prises de parole médiatiques, vos actions et celles de vos collaborateurs, vos événements, etc. C’est l’ensemble de vos actions de communication qui permettra de « rassasier » vos communautés, clients, prospects, parties-prenantes, chacun en fonction de son appétit et de son envie.

Le snack content n’est donc qu’une stratégie de contenu parmi d’autres, permettant à votre marque de parler toutes les langues du digital. Il apparaît donc aujourd’hui — au regard des contraintes actuelles des plateformes — comme étant indispensable, comme une stratégie de contenu gagnante, à condition qu’il fasse bien partie d’un mix éditorial savamment réfléchi qui veille à proposer du contenu diversifié, en lien direct avec le cœur du métier et la raison d’être de votre entreprise.

Vous l’aurez compris la question n’est donc pas de savoir si on est pour ou contre le snack content, mais plutôt de savoir pourquoi (pour communiquer efficacement/exister sur les réseaux sociaux), comment (de manière native à chaque plateforme et au sein d’un mix éditorial qui va bien au-delà de cette stratégie), quand (consultez vos tableaux de programmation éditoriale !) et où (médias sociaux) employer cette stratégie de contenus. Le snack content ne devient du junk content que dans son usage outrancier, lorsqu’il ne sert d’autre objectif que la satisfaction des fonctionnements inhérents des réseaux sociaux qui, sans limite imposée par les producteurs ou les consommateurs de contenu, fonctionnent comme des gasters à l’hybris démesurée… Mais il s’agira du sujet de notre prochain et dernier épisode de la série : « Le snack content : une fausse bonne question ? — #Episode5 ».

✔ En savoir plus sur le projet une Citoyenne éclairée.


[1]Les uploads des vidéos natives sur Facebook ont une portée dix fois supérieure aux partages de liens YouTube (Socialbakers).

[2]autoplay

[3]Twitter Media Studio permet l’intégration des sous-titres pour rendre accessible la vidéo, l’ajout d’un CTA (Call to action) pour renvoyer vers votre site web par exemple et notamment d’une configuration des éléments clés de la vidéo comme la miniature, le titre, la description, la catégorie.

[4]Le teasing est une technique de communication attirant le public par un message (court et pertinent) basé sur l’interpellation. En savoir plus sur le site Définitions marketing.

[5]La raison d’être d’une entreprise désigne la façon dont elle entend jouer un rôle dans la société au-delà de sa seule activité économique. Depuis 2019, les entreprises peuvent désormais s’ auto-déclarer entreprises à mission et intégrer dans leurs statuts une « raison d’être » qui s’inscrit dans un cadre stratégique.

[6]design pompeux au service de lui-même sans poursuite d’aucun objectif communicationnel précis (pédagogie, inspiration, compréhension etc;..) ; langue de bois etc. …

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Le snack content, enfant prodig(u)e de la communication – #Episode3

Récapitulons. Ceci est une série de tribunes au sujet du snack content qui questionne l’omnipotence de ce format dans le cadre de la communication corporate. Jusque-là, nous avons réussi à déterminer que le snack content semble être né du croisement de deux phénomènes : d’une part, un drôle de mimétisme avec la publicité, pour laquelle le format court apparaissait comme évident pour des raisons essentiellement financières et, d’autre part, l’avènement de l’ère des médias sociaux, qui, via un fonctionnement de flux, entérinent la success story du snack content. Dans ce troisième épisode de la série nous allons chercher à identifier les éventuelles limites du snack content. Prêt(e)s ?

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Tout d’abord, je me permets de préciser que cette tribune ne vise guère à exprimer des points de vue tranchés sur la question qui seraient les miens ; mon objectif est plutôt d’interroger mes propres pratiques en tant que communicante, de poser des questions et de les partager avec vous pour faire avancer le débat. 

Une citoyenne éclairée.

Nous avons en effet établi dans la tribune précédente qu’à l’époque de la maturité des médias sociaux on a vu apparaître tout un ensemble de spécialistes du social media qui ont joué un rôle important dans ce que nous avons appelé l’avènement du snack content. Ainsi, toutes les entreprises confondues se sont retrouvées à appliquer sur les médias sociaux les mêmes « bonnes recettes » formelles que celles qui avaient été en définitive prévues pour la publicité, parmi lesquelles le très court, le snack content, qui visait initialement à impacter les publics en réalisant des conversions immédiates[1]. Or, nous le savons, la communication corporate ne cherche pas à vendre des produits, mais plutôt à promouvoir une entreprise, à instaurer un dialogue avec l’ensemble de ses parties prenantes et à faire accroître ainsi sa notoriété, son influence, et, si possible, sa puissance commerciale. En cherchant à coller formellement aux règles de la pub et aux exigences des plateformes sociales, via l’intronisation des stratégies de contenu comme le snack content par exemple, la com’ corporate oublierait-elle sa vocation initiale ? En quoi un recours abusif au snack content peut-il desservir la com’ corporate ? Voici trois limites du snack content :

#Limite1 : le snack content est cher, et pas si ROIste que cela

Ainsi, la principale limite de cette pratique exacerbée du snack content par la com’ corporate semble être le fait que des entreprises investissent du temps et du budget dans la production de formats souvent à faible valeur ajoutée, peu différenciants, qui ne font que s’ajouter au bruit de fond permanent[2]. Ainsi, à défaut des budgets conséquents similaires à ceux dont disposent les équipes de la pub pour sponsoriser leurs contenus, les snacks si prometteurs se retrouvent noyés dans l’ensemble des micro-bouts d’informations, GIFS, memes, tweets, stories, mini vidéos, etc. qui foisonnent sur les réseaux.  Les spécialistes du contenu et du social media organique se trouvent ainsi obligés de se réjouir pour quelques dizaines de likes par contenu, tandis que les plus optimistes d’entre eux s’amusent à jongler avec des chiffres un peu plus conséquents au regard d’autres KPI comme les impressions[3], avec les limites que cela comporte… 

#Limite2 : le snack content nuit à l’écologie de l’attention

Pour mieux comprendre les éventuelles limites du snack content, il convient déjà d’expliciter le concept de content shock[4], formulé par Mark Schaefer. L’expression « content shock » est utilisée pour désigner le fait que la production de contenus disponibles sur Internet augmente beaucoup plus vite que le temps et l’attention disponibles des individus à qui sont destinés ces contenus. En d’autres termes, il s’agit du paradoxe que je soulevais dans une autre de mes tribunes traitant de l’emballement médiatique lié à la pandémie du Coronavirus par la question : « et si l’information aujourd’hui créait moins le sens qu’elle ne le brouillait ? ».

En effet, ces contenus, souvent plus ou moins identiques sur le fond – et a fortiori sur la forme – qui se noient dans les fils d’actualité infinis des médias sociaux, ont pour effet direct le fait de donner aux internautes atteints d’infobésité un sentiment d’impuissance. Submergés et dépassés par la richesse de ces plateformes alimentées en continu par des micro-bouts d’information instantanées, ces internautes n’arrivent plus à capter la valeur de ces contenus. Le snack content, qui devait initialement répondre à la problématique liée au manque d’attention, dans son usage “abusif” par l’ensemble des acteurs du web semble ainsi produire l’effet inverse et contribuer à cette pathologie civilisationnelle, la malinfo.

#Limite3 : le snack content nuit à l’écologie tout court

Virtuel, numérique, digital, immatériel ? Au-delà de l’« immatériel », le monde digital est bel et bien fondé sur du hardware qui lui… pèse. En effet, à cette ère que beaucoup d’optimistes appellent d’ores et déjà « post-Covid », on s’interroge de plus en plus sur les conséquences de nos actes, de notre consommation et, puisque c’est le sujet, de notre production de contenu. Or les statistiques montrent que l’empreinte environnementale du numérique est en forte hausse.

En 2019, la quantité nécessaire pour alimenter les serveurs, les centres de données, les réseaux de communication et les appareils utilisés pour naviguer sur internet était équivalente à la consommation énergétique de l’ensemble du Royaume-Uni ! (416,2 TWh). Ces émissions carbone représentent 2 % des émissions mondiales, soit tout autant que celles l’industrie aéronautique qui est considérée comme l’une des plus polluantes…[5] En effet, une page de site internet consultée entraînerait en moyenne la production de 1,76 gramme de CO2, tandis qu’une requête Google produirait quant à elle 7 grammes de CO2 dégagés dans l’atmosphère.

On parlait dans les précédentes tribunes d’une surproduction de contenus… À cela s’ajoute le fait que les contenus que nous mettons en ligne sont de plus en plus performants, et donc lourds…[6] Par ailleurs, force est de rappeler que si les producteurs de contenus et les webmasters ne tardent jamais à mettre en ligne leurs nouveaux articles et vidéos, ils oublient souvent de les retirer lorsque ces derniers ne s’inscrivent plus dans l’actualité…

Pour revenir à la question du snack content, à prime abord inoffensif car court et plus léger que d’autres formats, c’est bel et bien dans son utilisation outrancière par tous les producteurs de contenu du web qu’il devient fortement nuisible d’un point de vue écologique. En effet, derrière ce mur de petites briques à petit goût et faible valeur « nutritionnelle », se cachent les serveurs super puissants et super polluants des géants du numérique, qui les hébergent volontiers et gratuitement…[7]

________

Alors, le snack content : prodige ou prodigue ? Cela dépend ! Comme tout, il faut l’utiliser avec modération et à bon escient !

Puisque nous avons mis en exergue quelques-unes des limites du snack content, il est désormais temps que nous nous intéressions aux conditions sine qua non pour faire du snack content une stratégie marketing gagnante ! Rendez-vous la semaine prochaine avec « Le snack content : une stratégie gagnante, mais à quelles conditions ? – #Episode4 ». Stay tuned!


[1] Désigne la réalisation d’une action spécifique par un internaute sur un site.

[2] C’est ce que nous avons appelé « infobésité ». Découvrez une autre de mes tribunes qui traite ce concept de manière appliquée à l’emballement médiatique lié à la pandémie du Coronavirus.

[3] Sur les réseaux sociaux, une impression désigne l’indicateur de performance vous permettant de connaître le nombre de fois où votre lien, action ou publicité a été vue.

[4] https://businessesgrow.com/2014/01/06/content-shock/

[5] https://blog.adimeo.com/comment-mesurer-l-empreinte-carbone-d-un-site-web

[6] La taille moyenne d’une page web en 2019 est 4 fois plus élevée qu’en 2010.

[7] On reviendra sur ce point spécifique dans un autre épisode de la série.

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Le snack content : les origines – #Episode2

Les médias sociaux sont-ils des vecteurs d’hybridation entre le contenu et la pub ? Sont-ils les responsables de l’avènement du snack content comme dispositif incontournable du content marketing et de la communication corporate ? Si oui, comment ce mélange des genres se serait-il opéré ?

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Nous l’abordions déjà dans le volet introductif de cette série d’articles dédiés au snack content : l’intérêt du format court, voire du très très court, va de soi dans le monde de la publicité. L’achat d’espace, d’abord dans la presse, ensuite à la radio, à la télé, et depuis une vingtaine d’années avec la publicité online – display[1], search[2]ou social[3] – a toujours représenté un pourcentage très important du budget des campagnes publicitaires. Ainsi, plus une publicité était courte (et idéalement efficace), moins elle coûtait cher ! Le succès du snack content en tant qu’outil à part entière du content marketing[4] et de la communication corporate[5] serait-il dû à un effet d’itération de ce procédé formel subi par le monde de la pub ?

Le snack content, enfant de la pub ?

Avec la miniaturisation des devices et le développement d’une connexion de plus en plus performante dans la plupart des parties du monde, la publicité online a gagné de plus en plus de parts de marché ces dernières années, si bien qu’aujourd’hui elle est le leader incontesté du marché de la publicité dans sa globalité.

Au sein de la pub digitale elle-même, si le search[6] reste depuis plusieurs années en tête avec un peu plus de 50 % des revenus publicitaires en ligne, c’est le social[7] qui enregistre la plus forte croissance et s’en sort le mieux dans le contexte de pandémie. En 2020, le social représente en France 25 % des revenus globaux de la publicité en ligne, soit 638 millions d’euros enregistrés au premier semestre 2020 seulement[8].

Une aussi forte rentabilité de la publicité sur les médias sociaux s’explique tout simplement parce que les audiences y sont…  C’est d’ailleurs pour conquérir ces mêmes audiences que la communication corporate aurait ainsi emprunté le snack content à la pub pour tenter de s’imposer au sein de l’Eldorado des réseaux sociaux.

Le snack content, enfant des réseaux sociaux ?

Le social media s’est imposé dans les stratégies de marketing et de communication des entreprises depuis plusieurs années jusqu’à devenir aujourd’hui un incontournable. L’avancée de cette « discipline » à part entière dans l’entreprise s’est faite de manière assez linéaire : 

  • naissance au milieu des années 2000, lorsque les « premiers » réseaux sociaux voyaient le jour. Quel accueil en entreprise ? Les réseaux sociaux étaient à cette époque la responsabilité exclusive des stagiaires et on se félicitait en tant que marque de posséder un compte Facebook. 
  • adolescence au début des années 2010, lorsque la plupart des entreprises et des acteurs institutionnels prenaient la parole sur les réseaux sociaux de façon indifférenciée par rapport aux autres canaux de diffusion et effectuaient parfois des actions aujourd’hui inconcevables comme l’achat de fans en masse. C’est cependant à cette même époque que nous avons vu naître aussi les premières stratégies de marque dédiées aux médias sociaux.
  • maturité depuis la fin des années 2010, lorsque ces stratégies social media se sont généralisées et qu’on a vu apparaître tout un ensemble de spécialistes du social media, lesquels ont joué un rôle important dans ce que nous avons appelé l’avènement du snack content.

L’avènement du snack content

Ainsi, en érigeant le social media comme un incontournable au sein des entreprises, les experts internes ou externes aux directions de communication ont préconisé le fait de répondre de plus en plus aux exigences des différentes plateformes pour chercher à se démarquer. Parmi leurs recommandations, on peut rappeler la production de contenus natifs, la prise en compte du fonctionnement des fils d’actualité et de la dynamique de flux, la sponsorisation des (micro-)contenus, l’adaptation des formats en fonction des médias de destination… A cela s’ajoute le nécessaire suivi des tendances des réseaux sociaux, des modifications constantes de leurs interfaces et de leurs fonctionnalités ou encore de leurs algorithmes qui petit à petit ont commencé à privilégier la publicité au détriment de tous les autres contenus[9]… 

C’est dans ce cadre précis que le snack content s’est vu petit à petit ériger une place de choix dans les stratégies de contenus mises en place par les directions de communication corporate des entreprises et dans les recommandations des agences spécialisées… à raison ou à tort ?

Vous l’aurez compris, il est question désormais de pointer les éventuelles limites de ce que nous avons appelé l’avènement du snack content au sein de la communication corporate. Ce sera l’objet du prochain article de la série intitulé « Le snack content, enfant prodig(u)e de la communication ? ». Stay tuned!

[1]La publicité display, dans le domaine du marketing digital, désigne le marché et les formats publicitaires graphiques et audio de type bannières et vidéos.

[2] Le « search marketing » ou « search engine marketing » regroupe l’ensemble des techniques consistant à positionner favorablement des offres commerciales, sites internet, applications mobiles ou autres contenus sur les pages de réponses des moteurs de recherche.

[3] Publicités sur les réseaux sociaux.

[4] Le content marketing, ou marketing de contenu, désigne les pratiques qui visent à mettre à disposition des prospects ou des clients un certain nombre de contenus utiles ou ludiques. En savoir plus.

[5] La communication corporate regroupe l’ensemble des actions de communication qui visent à promouvoir l’image de l’entreprise ou d’une organisation vis-à-vis de ses clients et de ses différents partenaires. 

[6] Au niveau mondial, Google détient le monopole de la publicité sur les moteurs de recherche. Hormis la Chine et la Russie, avec respectivement Baidu et Yandex, le reste des pays affichent souvent plus de 90 % de parts de marchés pour Google. Même si les chiffres datent de novembre 2018, l’infographie d’Abondance (Olivier Andrieu) reste toujours un excellent outil pour rendre concret ce monopole. C’est par ici !

[7] Selon le Blog du Modérateur, avec une baisse de 5 %, le social est le levier qui a le moins subi la crise du Covid. Les plus petits annonceurs se sont engagés plus fortement sur ce secteur orienté vers la performance, ce qui a compensé l’arrêt des campagnes des acteurs plus importants. Le marché du social a aussi été porté par Instagram, qui a connu un trafic d’audience important avec de très bons revenus publicitaires grâce à un meilleur ciblage alimenté par la data. Snapchat, LinkedIn ou encore Twitter ont été moins impactés du fait de la diversification des dépenses des annonceurs.

[8] Pour en savoir plus et retrouver les chiffres précis, consultez l’« Observatoire de l’e-pub : les chiffres clés de la publicité digitale en 2020 ».

[9] De manière peu surprenante, puis que leur business model se structure quasi exclusivement sur la publicité extrêmement ciblée (en passant par la récolte de la data).

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Le snack content est-il du junk content ? – #Episode1

Le snack content est-il du junk content ? C’est la question volontairement provocatrice à laquelle je tente de m’attaquer dans cette nouvelle série de tribunes. Mais qu’est-ce que le snack content ? Traduit littéralement en français « micro-contenu », ce concept jargonneux est un terme marketing utilisé pour décrire un contenu court ou très court qui va droit à l’essentiel, facile à consommer, et souvent – mais pas uniquement – dédié à un usage sur les réseaux sociaux et/ou à un usage mobile1. Depuis quelques années il perce et cartonne dans la communication corporate, à tort ou à raison… En savoir plus !

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Mais qui aurait envie d’un snack quand on pourrait choisir un repas gastronomique à la place ? L’analogie avec la consommation de contenus en ligne n’est pas anodine puisque les éléments à considérer pour choisir entre deux contenus et deux plats sont semblables. Tout comme au restaurant, sur le marché des contenus en ligne, il est aussi question d’un coût à prendre en compte. La différence ? Sur l’internet, il est de moins en moins question d’argent, le coût d’entrée se mesurant de plus en plus en temps, en attention, en « temps de cerveau disponible », comme le veut la désormais célèbre phrase d’un publicitaire français. 

Le snack content apparaissait dans le monde de la communication corporate il y a quelques années comme étant le Saint Graal,  la solution ultime à un problème générationnel irrémédiable : le manque d’attention2. Avec cette préoccupation en tête, toute une génération de professionnels de la communication ont érigé une place de choix au snack content parmi les solutions à cette « équation impossible »3 liée à la consommation de contenus sur le web :  la richesse des contenus disponibles vs. une attention de plus en plus limitée4

Snack content… et si on se trompait sur toute la ligne ?

Cela fait bientôt trois ans  que je suis consultante en stratégie éditoriale et digitale au sein d’une agence de communication corporate spécialisée dans le contenu. Cela fait bientôt trois ans  que moi aussi je conseille régulièrement à mes clients – ils sauront le reconnaître –  de passer par le snack pour faire passer leurs messages. Entre pairs, il nous est d’ailleurs souvent arrivé de juger de la qualité d’un contenu en prenant clairement en compte cette variable : la « snackabilité »5 de ce dernier. 

Si l’intérêt du court et du très très court va de soi dans le monde de la publicité, serait-il possible qu’en l’adoptant aussi religieusement dans le monde du content marketing, on se soit trompé sur toute la ligne ? C’est en tout cas la thèse que je souhaite explorer dans cette série de mini articles dédiés au snack content intitulée « Pour en finir avec le snack content ? ». 

Dans le prochain épisode intitulé « Le snack content : les origines – Episode #2 » nous allons nous intéresser à l’histoire du snack content… Stay tuned!


1Pour aller plus loin dans la définition du concept de snacking content, consultez le site Définitions marketing. 

2Des études plus ou moins fiables titraient il y a quelques années que la capacité d’attention de l’être humain (génération Millennials) serait désormais moindre que celle d’un poisson rouge, l’estimant à hauteur d’environ 9 secondes. 

3Appelée également « content shock ». En savoir plus sur le site Définitions marketing. 

4Tout un mouvement pour une écologie de l’attention tente par ailleurs de répondre à cette équation de manière éthique et responsable.

5Barbarisme provenant du franglais signifiant la qualité de ce qui est snackable, donc facilement consommable sur le pouce.

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Top 5 des tendances éditoriales à l’ère du Covid-19

Il y a quelques jours je publiais une tribune pour proposer un regard critique quant aux effets néfastes de l’emballement médiatique sans précédent lié à la couverture du nouveau coronavirus. Celles et ceux qui ont eu la gentillesse de me relire m’ont rappelé, à juste titre, que pour ceux d’entre-nous qui sommes les mieux « armés » pour sortir la tête du brouillard, des contenus de fond et surtout des formats particulièrement inédits ont vu également le jour pendant cette période. L’ambition de ce papier est justement de partager avec vous un benchmark efficace que j’ai réalisé pour identifier sur la toile cinq tendances éditoriales pédagogiques innovantes (tant du point de vue de la forme que celui du fond), que je qualifierais de remparts contre la « mal-info » ou encore contre les fake-news.
machine à écrire top 5 tendances éditoriales
©Unsplash, Tendances éditoriales 2020

#1 Cartographier non pas pour mesurer le risque, mais pour l’expliquer

J’avais abordé le concept de trajectoire du risque pour définir ce qui serait une nouvelle fonction des médias : le fait d’alerter vs. le fait d’informer. En effet, s’agissant du traitement médiatique d’un virus à propagation fulgurante, le rapprochement géographique imminent de celui-ci apparaît comme un facteur aggravant la tentation des médias de recourir à un traitement alarmiste de cette actualité. 

Or, s’intéresser à la propagation du virus en prenant en compte la variable géographique peut remplir d’autres fonctions en plus de la seule fonction d’alerte qui pourrait être incarnée par la célèbre réplique : « Covid-19 is coming ». Voici les meilleurs exemples dans ce sens : 

⚙︎ Le New York Times consacre sur son site internet une page réservée à l’analyse data de la propagation du virus. On y trouve des cartes interactives et des graphiques particulièrement instructifs.

⚙︎ En partenariat avec Le Temps, une équipe de chercheurs de l’EPLF a réalisé une étude sur les liens entre les articles de presse, les requêtes Google et les mentions du virus sur les réseaux sociaux pour comprendre à quel moment il y a eu une prise de conscience collective de l’ampleur de la situation dans les différents pays européens. 

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⚙︎ Des initiatives personnelles intéressantes ont vu le jour sur les réseaux sociaux comme le le Twitter thread de Loïc Hecht. Celui-ci soulève des problématiques liées à la protection des données et sensibilise en même temps sur la question de la responsabilité individuelle face à cette crise. 

Comme quoi, les angles de traitement du Covid-19 peuvent être diversifiés !

#2 Du flux, de l’instantané pour soigner les addicts en proposant le « bon remède » 

J’avais également conclu sur le fait que dans un monde médiatique complexe qu’on peut caractériser non seulement par une multiplication des sources et des intermédiaires (notamment des médias sociaux qui fonctionnent comme des agrégateurs de titres qu’« il ne fallait pas manquer ») mais surtout par le règne de l’immédiat, les modes de consommation de l’information changent et beaucoup d’entre nous deviennent des « malades d’info ». Ainsi, nous serions devenus accros à cette fonction alarmiste des médias, incarnée si bien, à la télé, par les chaînes d’info en continu ou, sur le web, par l’ensemble des formats directs ou encore par le fonctionnement inhérent d’un réseau comme Twitter. C’est justement pour répondre à ce public ayant succombé non pas au virus, espérons-le, mais à la mal-info, que certaines initiatives inédites ont vu le jour :  

☛ Ainsi, pour accroître son engagement contre les fausses informations, et être accessible au plus grand nombre, Le Monde lance un fil de discussion sur WhatsApp disponible gratuitement. Les utilisateurs qui le souhaitent peuvent recevoir quotidiennement une sélection d’actualités vérifiées, d’informations pratiques, de conseils… 

☛ A son tour, pour combattre les fake-news qui pourraient être consommées par ses utilisateurs accros au flux, Twitter leur propose un fil dédié à l’actualité Covid-19 en France où son algorithme ne recense que les sources officielles ou vérifiées. 

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#3 Fact checking, fake-checking : un nouveau déplacement du rôle des médias dans nos sociétés ?

En effet, à l’ère de la post-vérité, la fleuraison des fake-news a pris une telle ampleur que certains chercheurs se sont demandé dans quelle mesure cet usage détourné du web conversationnel ne risquait pas de remettre en question l’organisation même de nos systèmes démocratiques représentatifs. En effet, l’utilisation intensive de fake-news et les effets pervers de l’exposition sélective des réseaux sociaux auraient conduit à des événements politiques majeurs comme l’élection de Trump ou le Brexit. 

Désormais, les médias qui informent, les médias qui alertent, se doivent de devenir aussi des médias qui assurent le « nettoyage » du web. En clair ? Un grand nombre de médias avaient d’ores et déjà mis en place des dispositifs de fact checking. Le capital anxiété d’une actualité traitant de la propagation d’un virus mondial rend le sujet propice pour que des hordes de collapsologues plus ou moins respectables s’en emparent. Garde aux amateurs d’une bonne vieille théorie du complot ! Ce risque a été vite identifié par certains médias qui ont renforcé leurs dispositifs ou bien en ont mis en place des nouveaux dédiés au coronavirus :

✔︎ Pour démêler le vrai du faux une centaine de médias dans une soixantaine de pays différents se sont associés sur un site internet développé par l’IFCN, le réseau international de vérification. Ce site s’appelle Coronavirus Facts Alliance et contient plus de 3 000 articles au sein de sa base de données.

✔︎ L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rejoint la lutte contre les fake-news en lançant un chatbot sur WhatsApp qui répond à toutes les questions santé des internautes concernant le Covid-19. 

✔︎ L’AFP, quant à elle, a également pris le sujet à bras le corps et propose un service dédié au fact checking.

✔︎ Les comptes Twitter et Facebook de Fake Investigation, spécialisés dans la vérification de la véracité des images et des vidéos, sont un bon exemple d’initiative née exclusivement sur les réseaux. Si elle n’a pas été créée dans le contexte de la crise sanitaire, cette initiative a bien adapté sa ligne éditoriale dans ce sens.  

#4 Contre la micro-information dénuée de contextualisation ? Le fond, le fond, le fond…

Le snack content a sans doute beaucoup de vertus, mais pas celle d’expliquer à une population planétaire confinée les tenants et les aboutissants d’un virus qui les avoisine, qui impacte leur travail et qui transforme radicalement leur mode de vie ! Qu’il s’agisse des médias, des annonceurs ou des leaders d’opinion en tout genre, plusieurs contenus développés ont retenu mon attention : 

✍︎ Le décryptage du Monde, Moins de bruit, plus de télé, pas d’avions ou presque : la « France à l’arrêt » en douze graphiques

✍︎ L’infographie du Monde aussi, A quoi sert le confinement ?particulièrement inspirante au niveau du format et bénéficiant d’un design plutôt original. 

✍︎ Une landing page dédiée au Coronavirus du National Geographic pas comme les autres ! Les reportages photos sont particulièrement touchants.

✍︎ Des tribunes, des prises de paroles engagées de la société civile, signées par des journalistesdes chercheursdes écrivainsdes dirigeants

#5 Le retour en force d’un format oublié : le journal !

Qui aurait imaginé que, du jour au lendemain, nous allions voir fleurir toutes sortes de journaux intimes, ou pas tant que ça, portant sur toutes sortes de thématiques, mais avec une vocation implicite ultime et quasi exclusive : « comment survivre au confinement ? ». Voici mes préférés : 

☕︎ Le journal de confinement de Wajdi Mouawad en podcast ou bien son initiative « #Au Creux de l’oreille » permettant aux artistes programmés pour la saison 2019/2020 du Théâtre de La Colline de continuer à toucher leur public, en leur interprétant de courts textes au bout du fil…

☕︎ Le « Journal du confinement » de la romancière Leïla Slimani dans Le Monde.

☕︎ La Fondation Jean Jaurès a lancé, avec Le Point et l’Ifop, un journal collectif, « Covid-19 : en immersion dans la France confinée », qui permet de suivre trente personnes de 20 à 75 ans, confinées dans des régions différentes, à qui l’on a proposé de réagir à l’actualité et de décrire leur quotidien.

☕︎ Bonus :  voici également le journal vidéo de mon camarade Arnaud Martien, Je suis confinédisponible sur la plateforme Youtube.  


En réalité, les exemples regorgent et je suis sûre que vous en consultez quotidiennement plusieurs alors n’hésitez pas à partager avec moi les pépites découvertes en commentaire !