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Les NFT, ces étranges objets de Désir

Les NFT – non fungible tokens ou encore jetons non fongibles[i] – structurent depuis peu un véritable marché qui s’élève aujourd’hui à plus de 40 milliards de dollars. Leur visée ? Authentifier des objets numériques, voire redéfinir la propriété dans le monde digital. Décriés, inquiétants d’un point de vue environnemental, les NFT, dont la technologie est basée sur la blockchain[ii], fascinent et deviennent l’objet du désir des amateurs d’art, mais aussi des spéculateurs… Réflexion sur les NFT, ces étranges objets de Désir.

©Unsplash, Tom Beier

Les NFT ont initialement été conçus en 2014, avec un objectif plutôt vertueux : permettre aux artistes et aux créateurs de contenu numérique d’obtenir une preuve d’authenticité de leur œuvre et pouvoir ainsi rémunérer leur travail en échappant aux risques inhérents du web liés au piratage et au non-respect de la propriété intellectuelle. Cette fonction des NFT est encore à l’œuvre à l’intérieur du marché de l’art. Des initiatives inédites le prouvent, comme la création du Meta History : Museum of War, permettant à 146 artistes ukrainiens de préserver la mémoire des événements et de collecter des dons pour soutenir les victimes de guerre.

Cependant, les NFT ne profitent pas qu’aux artistes du numérique ou encore au financement de « bonnes causes ». La sociologie des usages nous permet encore une fois de constater l’écart entre l’objectif initialement fixé par le créateur d’une innovation technologique, sociale, etc. et l’usage qui découle de cette dernière. Qui aurait prédit en 2004 que les réseaux sociaux, dont les dispositifs sociotechniques devaient simplement permettre de rester en contact et de communiquer avec ses proches, allaient devenir des plateformes d’information et des marchés de prédilection pour la publicité ? Amazon, Uber, Airbnb… en ce qui concerne l’économie numérique, nombreux sont les exemples de ces écarts entre l’idéation et l’usage ou la réalité du projet en perpétuelle construction.  

De la même façon, l’usage des NFT ne se limite pas au marché de l’art numérique, mais vient le surplomber, avec l’entrée sur le marché de tout un tas de « produits »[iii] plus ou moins étranges, joujoux des spéculateurs.

Les NFT ou la naissance d’une nouvelle place de marché 

Alors que les premiers NFT remontent à 2014,  le concept n’a touché le grand public qu’entre 2020 et 2021, suite à quelques ventes particulièrement médiatisées comme celle du premier tweet de Jack Dorsey, acheté en mars 2021 pour 3 millions de dollars.

En effet, tweets, cartes de jeux vidéo ou de footballeurs, mèmes, cryptokitties, mini-vidéos … constituent une partie du champ d’application des NFT à date. Leur promesse ? La possibilité de transformer un objet pléthorique – les données numériques – en quelque chose de rare, donc de désirable.

Ainsi, la ligue américaine de basket-ball NBA vend des mini-vidéos authentifiées pour des centaines de milliers de dollars. De son côté, Nike a eu pour projet de vendre des baskets certifiées numériquement. L’idée ? Associer à chaque paire de baskets physique un correspondant NFT ; autrement dit, faire usage des nouvelles « normes » du numérique pour combattre la contrefaçon dans le monde physique.

Les NFT ou comment « authentifier » sa valeur personnelle dans nos « sociétés numériques »

Art, gamification, nouvelle manière de breveter des objets numériques, mais aussi matériels, les applications des NFT sont déjà riches. Si certains grands collectionneurs ou puristes du NFT pensent que cette technologie va redéfinir la propriété dans le monde numérique, l’engouement autour de ces actifs peut, à mon sens, être assez aisément expliqué à travers un détour sociologique.  

S’étonner que certaines personnes soient disposées à payer littéralement des fortunes pour posséder un objet dont l’usage est à portée de main de tou.te.s – le plus souvent à distance d’une requête Google et d’un clic – revient à s’étonner que certaines personnes sont depuis bien plus longtemps disposées à payer littéralement des fortunes pour posséder des objets de luxe. Plus c’est rare, plus c’est précieux, plus c’est désirable. Quelle différence réelle entre le fameux Birkin Bag de Hermès et un sac à main artisanal et original mais peu marketé ?

Pourquoi les fans de baseball s’arrachent-ils des battes à des milliers, voire à des millions de dollars, alors que le prix d’entrée sur le marché d’une batte sortie d’usine s’élève seulement à une vingtaine de dollars ?

On paie le prix qu’il faut pour se distinguer ou pour être assimilé à un certain groupe social, le plus souvent à celui qui est dominant dans un champ donné (économique, culturel, politique etc.). Pierre Bourdieu l’expliquait d’ailleurs si justement dans La Distinction. Une critique sociale du jugement (1979), un ouvrage qui a bouleversé les catégories sur le beau, l’art et la culture.

Cette théorie, selon laquelle s’offrir un NFT objet de désir ou de convoitise revient à chercher (à acheter ?) la reconnaissance de pairs dans le cadre d’un groupe social prédéfini, se confirme très objectivement avec le phénomène des Bored Ape Yacht Club – une série d’avatars NFT uniques représentant des singes nonchalants. Alors que la valeur des Bored Apes est purement subjective et spéculative, certains avatars ont été achetés pour des valeurs avoisinant les 3 millions de dollars. Comment est-ce possible ? Comme son nom l’indique, le « club » créé par deux trentenaires en Floride a très rapidement été rejoint par des célébrités, musiciens, athlètes et autres influenceurs du web qui ont choisi d’exprimer leur appartenance au club en affichant ces NFT en guise d’avatars sur Twitter. L’équation est dès lors très simple : vous souhaitez être apparenté à des personnalités particulièrement médiatisées, symboles populaires du pouvoir, du succès, de la célébrité ? Très bien ! Achetez-vous un singe !

Les NFT, un nouvel espace du « non-droit » ? Limites et dérives de cet enfant du web 3.0

Cependant, derrière l’apparente futilité des NFT, les limites et les potentielles dérives de cette technologie sont multiples.

Tout d’abord, cette nouvelle économie numérique a un impact environnemental désastreux. Aussi vertigineusement innovante que la technologie blockchain puisse l’être, héberger cette infinie base de donnée échappant théoriquement à tout contrôle central sur des milliers de serveurs partout dans le monde a un coût important, et ce coût est malheureusement d’abord environnemental. En effet, selon le New York Times, la production d’un seul NFT représenterait plus de 200 kilos d’émission de CO2, l’équivalent d’un trajet d’environ 800 kilomètres parcourus par une voiture à essence américaine classique.

Deuxièmement, ce nouveau marché – purement spéculatif, puisqu’aujourd’hui la très grande majorité des NFT proposés n’ont aucune importance au sens de l’économie réelle – semble être une fabuleuse nébuleuse, un espace de non-droit. OpenSea, l’une des principales plateformes de création et de vente des NFT, reconnaît d’ailleurs sur son compte Twitter qu’aujourd’hui  « plus de 80 % des NFT créés à l’aide de son outil de frappe[iv] gratuit seraient plagiés, faux ou du spam. »

Enfin, économiquement parlant, il est impossible de mesurer si les NFT sont un investissement durable ou un simple effet de mode… Selon les dernières estimations, il semblerait que le fameux tweet de Jack Dorsey vendu il y un an à quelques millions de dollars ne vaudrait aujourd’hui plus que quelques 10 000 euros…

Découvrez plusieurs articles dédiés à des sujets d’actualité liés à l’économie numérique ou plus globalement circonscrits au champ d’étude des digital humanities[v] sur le site internet « Citoyenne éclairée. »


[i] Selon les sources, le concept récent de NFT désigne tantôt un certificat d’authenticité associé à un objet numérique, tantôt l’objet numérique lui-même auquel est associé un certificat d’authenticité.

[ii] La blockchain, en français « chaîne de blocs », est un type de base de données qui, contrairement à une base de données classique, est faite d’une série de « blocs » – des données reliées entre elles. Cette chaîne de blocs donne naissance à une immense collection ou encore à un immense livre partagé qui enregistre l’activité et les informations au sein de la chaîne. Puisque la blockchain est stockée sur des milliers de serveurs dans le monde entier, n’importe qui sur le réseau peut voir les entrées de tous les autres. Cette technologie de pair à pair fait qu’il est pratiquement impossible de falsifier ou d’altérer les données d’un bloc. Voici donc nos NFT sains et saufs ! 

[iii] Actifs numériques

[iv] La « frappe » permet à une œuvre numérique de s’inscrire sur la blockchain.

[v] Humanités numériques

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Google est-il sexiste ?

Just go and google it! Rien de plus naturel dans notre quotidien à tous… Les chiffres le prouvent puisqu’avec ses 92,5 milliards de visites mensuelles, le moteur de recherche est, de loin, le site le plus visité au monde. Sa mission ? « Organiser les informations à l’échelle mondiale pour les rendre accessibles et utiles à tous »[1]. Mais selon quelles logiques ? L’algorithme de Google est-il infaillible ? Et si les « réponses » de Google à nos requêtes comportaient un biais sexiste ? C’est en tout cas l’hypothèse que nous allons tester dans ce papier.

©Unsplash Reza Rostampisheh

Le point de départ de cette réflexion est constitué par une interrogation très concrète : ayant lancé en janvier dernier un site intitulé « Citoyenne éclairée » (citoyenne-eclairee.com) dont le référencement naturel est plutôt bien travaillé, je me suis rapidement aperçue qu’alors que le site ressortait en première position sur Google en réponse à la requête citoyenne éclairée, il ressortait seulement en page 17 à la requête formulée au masculin, citoyen éclairé. Pourtant, en réponse à la requête formulée au féminin, des sites positionnés sur ces mots clés au masculin ressortaient, quant à eux, en première SERP. Une citoyenne éclairée ne ferait-elle pas partie selon Google des citoyens éclairés au même titre que n’importe quel autre citoyen éclairé ?

Sans rentrer dans le débat sur l’écriture inclusive, en français la règle grammaticale est que le masculin l’emporte lorsqu’il y a des hommes et des femmes dans un groupe. Cela veut dire donc que le masculin est inclusif, tandis que le féminin, lui, exclut le masculin.

Si on retranscrit cette règle grammaticale de manière bête et méchante dans notre usage des moteurs de recherche, on s’attendrait donc à ce qu’une recherche formulée au masculin comporte des résultats formulés à la fois au masculin et au féminin, et à ce qu’une recherche formulée au féminin comporte des résultats exclusivement au féminin. Est-ce bien ce qui se passe ? 

Reprenons notre exemple initial qui prenait comme référence la position du site citoyenne-eclairee.com sur Google. Voici ce que l’on observe en comparant les résultats de différents moteurs de recherche, selon la formulation de la requête au féminin ou au masculin :

 citoyenne éclairée
citoyen éclairé
GoogleSERP 1 (position 1) – environ 1 060 000 résultats
la SERP 1 affiche des résultats qui renvoient aux formulations « citoyen éclairé » et « citoyenneté éclairée »
SERP 17 – environ 5 860 000 résultats
renvoi vers une page du site qui affiche en gras le syntagme au pluriel masculin « citoyens éclairés »
Yahoo!SERP 1 (position 1)
la SERP 1 affiche des résultats qui renvoient à des formulations comme « citoyens éclairés » et « citoyen éclairé »
SERP 1 (position 8)
renvoi vers une page du site qui affiche en gras le syntagme féminin singulier « citoyenne éclairée »
BingSERP 1 (position 1)
231 000 résultats
la SERP 1 affiche des résultats qui renvoient à des formulations comme « citoyens éclairés » et « citoyen éclairé »
SERP 1 (position 8) – 279 000 résultats
renvoi vers une page du site qui affiche en gras le syntagme féminin singulier « citoyenne éclairée »
QwantSERP 1 (position 1)
la SERP 1 affiche des résultats qui renvoient à des formulations comme « citoyens éclairés » et « citoyen éclairé »
SERP 1 (position 2 et 7) – 278 000 résultats  
renvoi vers 2 pages du site qui affichent en surligné la formulation au féminin du syntagme
EcosiaSERP 1 (position 1)
233 000 résultats La SERP 1 n’affiche que des formulations au féminin singulier ou au pluriel : « citoyens éclairés »
SERP 1 (positions 2 et 6)
renvoi vers 2 pages du site qui affichent en surligné la formulation au féminin du syntagme
Position du site citoyenne-eclairee.com sur les moteurs de recherche et analyse des liens bleus proposés en SERP 1

A la lecture de ce tableau qui compare la position du site citoyenne-eclairee.com dans les SERPs des cinq moteurs de recherche les plus utilisés en France[1] on s’aperçoit que tandis que Yahoo!, Bing, Ecosia et Qwant affichent le site en première page de résultats indépendamment du genre choisi pour la requête, Google quant à lui, en réponse à la requête formulée au masculin réserve au site Citoyenne éclairée une place en 17ème page de son moteur de recherche. A prime abord, tout laisse penser que de manière contre-intuitive, chez Google le féminin serait inclusif et ferait afficher des résultats formulés au féminin et au masculin, tandis que le masculin serait exclusif et ne ferait afficher que des résultats formulés au masculin.

Est-ce suffisant pour affirmer que l’algorithme de Google comporte un sérieux biais sexiste ?

Notre première intuition a été de considérer cette différence de position du site pourrait se justifier essentiellement par le fait que Google indexe un plus gros volume de pages que ses concurrents, ainsi que par le fait que les producteurs de contenus écrivent plus souvent nos deux mots clés au masculin (environ 5 860 000 résultats pour la requête citoyen éclairé) qu’au féminin (environ 1 060 000 résultats pour la requête citoyenne éclairée). Par ailleurs, connaissant l’importance de son fameux PageRank[2] dans le fonctionnement de son algorithme, s’agissant d’un site relativement nouveau sans politique de netlinking fortement développée, on conçoit que Google ne puisse pas le faire apparaître en première SERP… Mais en 17ème ?! Autant dire, que l’internaute qui cherche une citoyenne éclairée en tapant sur Google citoyen éclairé, n’a strictement aucune chance de la trouver ! Une blague dans le domaine du SEO veut que pour cacher un cadavre, il suffise de le cacher en deuxième page des résultats Google.

Mais alors Google est-il sexiste, oui ou non ?

Impossible de tirer des conclusions à partir d’un seul et unique exemple ! Dès lors, nous avons constitué un mini corpus pour vérifier l’hypothèse initiale dans une optique moins nombriliste ! J Nous avons donc analysé les résultats affichés en SERP 1 de Google selon les formulations au masculin et au féminin de quelques autres requêtes : metteur en scène vs. metteuse en scène, consommateur responsable vs. consommatrice responsable, créateur meuble vs. créatrice meuble, électeur informé vs. électrice informée etc.

Pour plus de lisibilité, nous analyserons seulement 2 de ces exemples :

  • électeur informé vs. électrice informée
 électeur informéÉlectrice informée
Googlela SERP 1 de Google affiche des résultats qui renvoient à des pages de sites qui ont trait aux élections et à ceux qui expriment leur volonté politique aux urnes.Pour Google l’internaute qui tape électrice informée dans sa barre de recherche cherche, sans doute aucun, des informations au sujet de l’électricité ou des trottinettes électriques.
Yahoo!la SERP 1 de Yahoo ! affiche des résultats qui renvoient à des pages de sites qui ont trait aux élections et à ceux qui expriment leur volonté politique aux urnes.Pour Yahoo! il y a un doute. Si les liens bleus en SERP 1 renvoient vers des pages de sites qui ont trait aux questions électorales, les aperçus d’images en haut de la page proposent quant à eux des trottinettes électriques…
Bingla SERP 1 de Bing affiche des résultats qui renvoient à des pages de sites qui ont trait aux élections et à ceux qui expriment leur volonté politique aux urnes.Bing propose en premier résultat une page référencée sur le mot clé électricien, mais arrive, à la différence de Google, à isoler des pages ayant trait aux questions électorales et à celles qui expriment leur volonté politique aux urnes.
Qwantla SERP 1 de Qwant affiche des résultats qui renvoient à des pages de sites qui ont trait aux élections et à ceux qui expriment leur volonté politique aux urnes.Si les liens bleus en SERP 1 ont exclusivement trait aux élections et à celles qui vont aux urnes pour exprimer leur volonté politique, la sélection d’image de Qwant renvoie aussi vers des photos de trottinettes électriques…
Ecosiala SERP 1 d’Ecosia affiche des résultats qui renvoient à des pages de sites qui ont trait aux élections et à ceux qui expriment leur volonté politique aux urnes.la SERP 1 d’Ecosia affiche exclusivement de résultats qui renvoient à des pages de sites qui ont trait aux élections et surtout à celles qui expriment leur volonté politique aux urnes (la plupart des mots clés surlignés en gras sont formulés au féminin).

Pour résumer, sur les 5 moteurs de recherche en question, le seul et unique qui ne comprend pas la formulation au féminin du syntagme « électeur informé » – et donc est incapable de proposer des résultats pertinents pour la requête – est Google. Alors que Yahoo!, Bing et Qwant proposent des liens pertinents par rapport à la requête au féminin, leur fonctionnalité images confond les électrices informées et les trottinettes électriques. Ecosia nous apparaît comme le moteur de recherche le plus pertinent sur cette requête.

  • auteurs philosophie vs. autrices philosophie

Une fonctionnalité que le seul moteur de recherche Google propose pour améliorer l’expérience utilisateur a retenu toute notre attention. Il s’agit d’une liste de portraits de philosophes qui nous est proposée comme accueil de la SERP 1 pour les deux requêtes. Avec 51 entrées, la requête formulée au masculin recense 50 hommes et 1 seule et unique femme – Hannah Arendt, dont le portrait en question pourrait d’ailleurs porter à confusion. La liste affichée en réponse à la requête formulée au féminin est, quant à elle, un peu plus diversifiée ; cependant, ce sont toujours les illustres figures masculines qui l’emportent, tant quantitativement (sur les 51 entrées de cette nouvelle liste, seules 16 philosophes sont des femmes) que qualitativement (avec en tête de liste un homme : Jean-Paul Sartre). Là encore, à une exception près, il semble que, faisant fi de la règle grammaticale, l’algorithme de Google considère que le masculin est exclusif alors que le féminin, lui, accueille la gente masculine.

La contribution des femmes à toute œuvre collective et/ou individuelle semble ainsi subir une double peine. Invisibilisées dans les textes en raison d’une langue intrinsèquement porteuse d’une réalité historique multiséculaire, sur le web, elles sont à nouveau invisibilisées par l’algorithme d’un moteur de recherche comme Google, alors même que nos requêtes cherchaient à les faire découvrir en priorité. Au regard de l’influence que ce moteur de recherche, plébiscité par la plupart, a dans la perpétuelle construction de nos représentations, il serait intéressant que cette problématique puisse être traitée de manière transparente par les ingénieurs et informaticiens de chez Google. A défaut de modifications structurelles, des explications !

La toile regorge d’autres exemples qui dénoncent le fonctionnement du moteur de recherche qui répliquerait dans son fonctionnement des biais sexistes ou racistes pré-existants :

Et vous ? Auriez-vous découvert d’autres exemples concrets qui contribueraient à dénoncer un éventuel biais sexiste de l’algorithme du moteur de recherche star ? Partagez-les en commentaire ou sur les réseaux sociaux en utilisant les hashtags #GoogleSexiste et #CitoyenneEclairée !


[1]D’après la page de présentation de la société sur : https://about.google/

[2] Les moteurs de recherche les plus populaires en France, Statistia.

[3] Le PageRank ou PR est l’algorithme d’analyse des liens concourant au système de classement des pages Web utilisé par le moteur de recherche Google. Il mesure quantitativement la popularité d’une page web. Le PageRank n’est qu’un indicateur parmi d’autres dans l’algorithme qui permet de classer les pages du Web dans les résultats de recherche de Google. Ce système a été inventé par Larry Page, cofondateur de Google.

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Citoyenne éclairée

Pourquoi « une citoyenne éclairée » ?

Citoyenne du monde, citoyenne européenne, citoyenne roumaine, citoyenne parisienne, citoyenne curieuse, citoyenne engagée, citoyenne communicante, citoyenne passionnée, citoyenNE… je suis une citoyenne éclairée.

Mes pairs appellent « citoyens éclairés » l’audience-type qu’ils sollicitent à chaque fois qu’ils cherchent à atteindre des publics ayant un profil sociologique et un niveau d’études semblables aux miens via leurs campagnes et dispositifs de communication.[1]

Mais qu’est-ce que « citoyen éclairé » veut dire ?

« On naît citoyen mais l’on DEVIENT citoyen lucide et éclairé ».[2] Je me réfère à cette formule parce qu’elle permet d’appréhender la notion de citoyenneté non pas comme une essence intangible et statique, mais plutôt comme un processus, un mouvement qui engage l’existence de l’être humain, lequel vit nécessairement en société. Ainsi, la citoyenneté nous apparaît comme étant entièrement « une question d’éducation, une tâche de formation puisque sans transmission de savoirs et de valeurs d’une génération à l’autre, sans appropriation personnelle par les sujets humains de ces savoirs, de ces valeurs liées à la citoyenneté, cette dernière n’est même pas envisageable. »[3] Mais de quelle citoyenneté parle-t-on ? Trop souvent, on tend à limiter le concept de citoyenneté à la seule question liée au suffrage. Le droit de vote serait ainsi l’attribut qui définit par essence le citoyen.

Je vis en France depuis bientôt dix ans, cela fait bientôt dix ans que je ne jouis pas du droit de vote en France[4] et, pour autant, je ne me sens guère moins concernée que d’autres par les questions de la cité, je ne suis en rien moins citoyenNE que les autres citoyens. Peut-être le serais-je même un peu plus ? En tout cas c’est ce que la juxtaposition de l’adjectif éclairée à ma citoyenneté conceptuellement redéfinie laisse supposer.

Éclairer. « Répandre de la lumière sur (qqch. ou qqn) [s’oppose à obscurcir] »[5]. En effet, la seule prétention du site « Citoyenne éclairée » est l’espoir que ma plume pourra éclairer quelques-uns d’entre vous sur quelque sujet pour lequel je me serais passionnée pour quelque raison à un moment donné. Peut-être plus encore, j’espère qu’elle pourra vous inspirer, vous instiguer, donner naissance et essence à d’autres de vos plumes. Ou bien peut-être s’accordera-t-elle à vos voix pour faire raisonner des idées et faire fleurir de nouveaux horizons…

Scribo ergo sum

Depuis trois ans je suis consultante en stratégie de communication éditoriale et digitale au sein d’une agence de com’. A ce titre, l’écriture m’apparaît comme une alliée et une camarade de route, puisque, aussi bien dans la création de stratégies de contenus, dans la conception de campagnes ou de plans de communication, que dans la rédaction de sujets divers, c’est bien mon stylo qui trace le fil rouge de mes créations et de mes trouvailles.

Écrire. Jusqu’à très récemment, je ne m’étais cependant pas permis de le faire à titre personnel. Effet d’auto-censure, manque de courage, que sais-je ? Et puis un jour, j’ai pris le stylo et j’ai eu le désir ardent d’écrire pour moi. J’ai écrit et ça m’a fait du bien. J’ai écrit sur le premier sujet qui m’a traversé l’esprit et ça m’a libéré. Ça a libéré ma parole, ça a libéré mes idées – les miennes, et plus seulement celles que je porte en tant que plume ou stratège en communication pour d’autres.

Le site « Citoyenne éclairée » est donc un espace d’expression, un espace de liberté, un espace de création où je m’exprime sur des sujets divers…

Mes sujets de prédilection

Pour les plus impatients d’entre vous, voici un nuage avec les principaux tags ou mots clés des sujets déjà publiés sur le site :

Amazon Apple Citoyenne éclairée citoyen éclairé communication communication corporate content content marketing contenu de marque Coronavirus Covid-19 critique médias Digital Humanities emballement médiatique empreinte carbone Facebook Flux formats GAFA Google infobésité malinfo média média d'information médias médias sociaux pub publicité retour sur l'investissement ROI réseaux sociaux SEA SEO snack content social media Sociologie des médias société numérique SortezLaTêteDuFlux stratégie marketing tendances éditoriales tendances éditoriales 2020 Écologie de l'attention écologie économie numérique éditorial

En effet, une bonne partie de mes articles vont souvent recouper mon expertise professionnelle. C’est le cas de la série d’articles portant sur le snack content ou encore des articles que j’ai dédiés aux médias sociaux ou bien aux mécaniques et aux grands acteurs qui régissent l’économie numérique et le digital dans son ensemble. J’aime néanmoins penser que mes sujets ne s’adressent pas seulement à un public de niche, à des pairs spécialisés en digital ou en contenu, mais qu’ils ont également une portée plus large.

Politiste et historienne de formation, je me sers aisément du détour historique pour identifier les conséquences économiques, sociales et politiques des phénomènes que je décris. Influencée par le constructivisme dans le pendant sociologique de mes travaux, je tente de comprendre les acteurs et leurs interactions dans une optique bourdieusienne, sans pour autant que celle-ci ne devienne limitatrice.

Les catégories actuelles du site :

S’agissant d’un espace de liberté, je m’octroie cependant le droit de prendre la plume sur des sujets très divers ; cet article en est la preuve ! Je souhaite pouvoir m’exprimer sur ce que j’aime appeler les grands enjeux de notre siècle et l’audience que je souhaite toucher, c’est vous, chers citoyens éclairés !

Dans l’espoir que ma plume vous éclaire…


[1] https://www.angie.fr/experiences-narratives/vive-le-citoyen-eclaire/

[2] Best Francine, « Naître citoyen …et le devenir », Après-demain, 2008/1 (N ° 5, NF), p. 3-5. DOI : 10.3917/apdem.005.0003. URL : https://www.cairn.info/revue-apres-demain-2008-1-page-3.htm

[3] idem

[4] Pour les scrutins nationaux tout du moins.

[5] Larousse


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